Province Saint-Louis de Gonzague


École Saint-Joseph  /  Pétionville

Premier bâtiment de l'école Saint-Joseph

 


DÉBUTS  DE  L'ÉCOLE  SAINT-JOSEPH

▶ L'école ouvre en 1889 avec 40 enfants, originaires de milieux modestes, fils de cultivateurs et d'employés. Ils sont dits « nationaux », car ils ne paient aucune rétribution. L'état se charge de leurs frais, quand il n'oublie pas.

▶ Les Frères présents, qui tous enseignent, touchent un modeste salaire de l'État. La première année, ils ne reçurent que 5 mois sur 12.

▶ L'école est rebâtie en 1914, et les salles de classe deviennent plus fonctionnelles, ainsi que les lieux d'habitation des frères.

▶ En 1920 les frères créent un jardin potager et élèvent poules et lapins pour améliorer la nourriture.

▶ En 1924, les classes débordent car un décret oblige tous les enfants de 6 à 14 ans à fréquenter une école, s'ils n'ont pas leur Certificat d'Études.

▶ En 1960, 340 élèves se présentent pour les inscriptions et il n'y a que 40 places.


QUELQUES  ÉTAPES

▶ À partir de 1920, tous les étés, les jeunes Frères de la province se retrouvent à Pétionville pour suivre des cours de perfectionnement dans toutes les matières, donnés par les plus anciens. C'est un temps de travail, de ressourcement, de fraternité, de joyeuse ambiance.

▶ 1937 : visite du Président Sténio Vincent

▶ 1948 : les Frères ouvrent un juvénat sur la propriété de l'école, pour des jeunes ayant un projet pour la vie religieuse chez les Frères.

▶ En 1978, le potager est supprimé et aménagé en terrains de football, de basketball et de volley-ball.

▶ En 1989, l'école fête son centenaire, par différentes manifestations en présence des parents et des anciens.

▶ Depuis 1998, l'école travaille en réseau avec St-Louis de Gonzague et Jean-Marie Guilloux. Les trois directions se rencontrent chaque semaine pour élaborer des programmes communs pour les travaux scolaires et la formation des professeurs.

▶ Aujourd'hui, il n'y a plus de communauté de Frères sur place. Le Frère Joseph Couapel assume la direction en collaboration avec une directrice pédagogique, Mlle Marlène BAZELAIS.

▶ L'école avec un effectif de 550 élèves compte 12 classes pour les 1er et 2e cycle.

Nouveaux bâtiments des classes


DERNIÈRES  ÉVOLUTIONS

▶ Le Collectif des Parents a contribué depuis des années à l'amélioration de l'école en obtenant des fonds pour construire un bâtiment comprenant : bibliothèque, salle informatique et cuisine. Un financement a été obtenu pour un réfectoire et une grande salle de réunion.

▶ La F.A.E.S. a construit récemment 3 bâtiments (dont l'un après le séisme) pour remplacer les anciennes classes en classes spacieuses et bien aérées.

▶ L'école ouvre en 2013, une première salle de classe d'un nouveau 3e cycle (7 AF, 8 AF et 9 AF). Une construction est prévue pour abriter ce nouveau cycle et l'administration de l'école.

Bâtiment reconstruit après le séisme de 2010, devant le morne Jalousie au fond

 


125  ANS  DE  L'ÉCOLE  DE  PÉTIONVILLE

 

Intervention du Frère Joseph COUAPEL, directeur : "les 125 ans de l'école".

Frère Joseph COUAPEL, directeur administratif de l'École Saint-Joseph

 

Nous ne sommes pas réunis pour la pose d'une première pierre ou célébrer l'ouverture d'une entreprise, mais pour rendre grâce à Dieu pour une œuvre qui a pris naissance il y a 125 ans et qui est toujours en bonne santé.

C'est au mois de février 1889 que fut fondée à Pétionville (La Coupe charbonnière), l'école nationale des Frères de l'Instruction Chrétienne. Le général François Denis LÉGITIME était alors président d'Haïti.

Les fondateurs de l'école furent le Frère Eustache, directeur, et le Frère Jean Damascène, adjoint. Dès la rentrée l'effectif fut de quatre-vingts élèves.

Fin juin, les armées du Nord et de l'Ouest se rencontrèrent à Pétionville. Le bourg disparut presque entièrement dans les flammes. Les Frères furent obligés de suspendre leur travail... parents et enfants ayant fui dans les mornes.

Les classes rouvrirent le 7 septembre 1889 avec une quarantaine d'élèves.

Le logement occupé par les Frères pouvait tout au plus accueillir une centaine d'élèves, mais une seule salle était convenable. Le ministère de l'Éducation Nationale fit don d'une dizaine de planches qui furent employées pour augmenter et améliorer le mobilier scolaire.

Les élèves sont des "nationaux". Ils ne paient aucune contribution. Pour vivre, les Frères ne disposent que de leur maigre salaire, et lorsqu'ils ne sont payés que cinq mois sur douze comme en 1889, ils souffrent de la faim... c'est la misère.

Les Frères envoyés alors en communauté à Pétionville n'y font qu'un court séjour : deux ou trois ans. On relève souvent dans les annales de l'école les mots : faim, fatigue, maladie... À cette époque beaucoup de Frères meurent de la typhoïde, de la malaria, de la tuberculose, de la dysenterie et même de la faim. Malgré cela, on sent à la lecture des annales, que les Frères sont heureux de donner leur vie pour Dieu... Ils sont heureux, joyeux et se dévouent entièrement à leur mission de faire connaître et aimer Jésus-Christ et son Évangile.

En 1895-1896, l'effectif de l'école augmente considérablement car, selon un décret du ministère, tous les enfants âgés de 6 à 14 ans doivent fréquenter une école (Admirable pour l'époque !...). Mais dès l'année suivante le nombre d'élèves redevient ce qu'il était précédemment, c'est-à-dire environ 100, le décret n'ayant pas eu de suivi efficace.

À partir de 1910, les Frères de la capitale et de Saint-Louis de Gonzague en particulier viennent passer un mois et demi de vacances dans la fraîcheur de Pétionville. Moments de détente, mais aussi moment d'études, de réflexion, de recyclage, de prière communautaire.

À cette époque, l'effectif de l'école était toujours d'environ 80 élèves répartis en 3 classes. Seuls des Frères enseignaient.

Durant les vacances de l'été 1913, on annonce aux Frères le projet de construction de maison plus vaste sur une belle propriété située sur le côté ouest de la place Saint-Pierre et en face de l'église. Ils nomment cette propriété "Saint-Joseph" : c'est l'emplacement de l'école actuelle. Dès les premiers jours de 1914, l'école peut être installée dans le nouveau bâtiment. 1914 - 2014 : cela fait donc 100 années exactement que l'école est établie à cet endroit. Le démarrage fut pénible, mais à la fin de l'année, il y avait 100 élèves inscrits.

Cette nouvelle demeure des Frères, deviendra également un lieu de repos pour les Frères de la Province qui en avaient besoin. Si le local est insuffisant à certaines périodes, la voisine madame veuve Boutin met sa maison à la disposition des Frères.

Durant l'année 1914-1915, l'effectif de l'école descendra à 66 inscrits. Cette baisse est due à la situation politique d'alors. Puis en 1917, l'école enregistre 111 élèves et la présence d'un laïc enseignant, monsieur Séide Dorcé, qui est titulaire d'une classe sous la supervision du directeur, le Frère Clarus.

À cette époque, une grande partie du terrain de l'école était inoccupée... Aussi les Frères cultivaient un jardin potager, élevaient des poules et des lapins, pour se procurer des aliments et améliorer le menu ordinaire, car les temps étaient difficiles avec peu de revenus financiers, et des chèques de l'État impayés.

La belle propriété actuelle avec ses 5 corps de bâtiments n'avait pas été prévue à l'origine pour en faire un tel établissement scolaire... Durant des années, il y fallu extraire des roches, abattre des arbres, construire, transformer, démolir, puis reconstruire. La classe se faisait parfois sous des galeries ou même temporairement dans des locaux destinés à l'usage des Frères... qui vivaient à l'étroit pour s'adapter à la situation. Malgré cela, l'école remplit toujours son rôle : Frères, enfants, parents sont heureux dans cet établissement.

En 1920, l'école compte 160 élèves et en présente 6 au Certificat d'Études Primaires. Des élèves sont présentés au Certificat d'Instruction Religieuse. Le Père Le Moal, curé de la paroisse qui passe l'examen oral, se dit surpris et étonné par les bonnes réponses des candidats de l'École des Frères.

En 1924, le nombre d'enfants fréquentant Saint-Joseph augmente sensiblement car le ministre de l'Instruction Publique avait pris un décret (de nouveau..., comme en 1895 !) obligeant tous les enfants de 6 à 14 ans à fréquenter une école s'ils n'avaient pas le Certificat d'Études Primaires. Les classes débordent, spécialement la classe des débutants, où le nombre d'enfants dépasse 80. Il faut donc rapidement construire une nouvelles classe. Il y a 7 professeurs, Frères et laïcs. Mais l'année suivante on revient à 6 classes... car le décret semble mis en veilleuse...

En 1929, un directeur zélé inscrit 108 bambins pour la petite classe !... Il fut invité à plus de modération.

En 1946, l'établissement compte 375 élèves. Chaque année, 15 à 20 élèves sont présentés au Certificat d'Études Primaires, une cinquantaine font leur première communion. À peu près le même nombre reçoivent le sacrement de confirmation et une trentaine subissent avec succès le Certificat d'Instruction Religieuse. La Croisade Eucharistique apporte un supplément à la formation chrétienne.

En 1947, une bibliothèque voit le jour, grâce au concours des parents par des livres offerts ou des dons en argent.

À partir de 1948, la Congrégation des FIC songe à des vocations de Frères haïtiens. Pendant 10 ans, de 1948 à 1957, la propriété de l'école Saint-Joseph héberge des juvénistes, c'est-à-dire des jeunes ayant l'idée de consacrer leur vie à Dieu par la vocation de Frère enseignant.

Durant les années 1957 et suivantes l'école fonctionne moins bien à cause de la situation politique... Il y a des jours de congés imprévus et chaque année une quinzaine d'élèves environ partent pour l'étranger. Pourtant en l'année 1961, ils sont 350 candidats à se présenter pour l'entrée dans la petite classe, alors qu'il n'y a que 40 places !

1963-1964 : grâce à un don de l'administration générale des Frères, trois plateformes en terre battue sont aménagées comme terrains de football, volley-ball et basketball. C'est la joie pour les sportifs... même s'il a fallu sacrifier le jardin potager, le poulailler et le clapier.

1968-1969 : on pense aux Frères. Réfection et modernisation de leurs locaux à l'étage du bâtiment à l'entrée. L'installation électrique est refaite et l'eau courante est installée dans les chambres.

1978-1979 : toujours dans le domaine du sport, le Frère Directeur invite les parents à aider volontairement à l'amélioration des terrains de jeu. Les parents offrent de l'argent, paient 15 camions de sable et de roches, d'autres viennent travailler eux-mêmes et ainsi les trois plateformes sont bétonnées, et comme vous le constatez ce fut du bon travail, car vous êtes actuellement sur ces mêmes plateformes qui sont toujours utilisées 35 ans plus tard !

1989 : l'école a 100 ans. Le centenaire est célébré par le Frère Gabriel Deschênes, directeur d'alors et avec l'aide des parents.

( À suivre)

 

 

Intervention de Madame Marlène BAZELAIS, directrice pédagogique de l'école

 

École Saint Joseph de Pétionville : 1889 – 2014 : 125 ans.

"Mes écoles ont été instituées pour faire connaitre et aimer Jésus-Christ et son Évangile". C’est avec cette parole de Jean Marie de la Mennais, fondateur de la Congrégation des Frères de l’Instruction Chrétienne, que je vous salue et introduis mon intervention.  Disons merci au Seigneur d’avoir inspiré à Jean Marie de la Mennais et à Gabriel Deshayes la pensée de fonder des congrégations vouées à l’éducation chrétienne des enfants et des jeunes.

Jean Robert Marie de la Mennais ne s’est pas donné pour objectif premier de former des jeunes qui soient très brillants en mathématiques, en sciences et autres. Instruction, oui, formation intellectuelle, oui. Mais avant tout, il prônait une instruction chrétienne. Les difficultés de toutes sortes, l’effritement des valeurs dans notre société, les différentes crises sont autant d’obstacles que nous rencontrons face à ce grand défi. Cependant ces difficultés doivent être des paramètres à considérer pour doubler d’ardeur dans cette tâche si noble que le Seigneur nous confie. Nous devons agir.

Nos élèves répètent souvent avec nous : Ardents pour le Seigneur, Solidaires les uns des autres, Excellents au travail. Mais cette ardeur pour le Seigneur, cette solidarité, cette excellence ne sauraient être que des mots qui se laissent emporter par le vent. Cette ardeur pour le Seigneur doit découler de l’idée centrale même du Père fondateur, idée qui nous sert de guide dans notre champ d’actions. Cette solidarité doit se manifester de façon claire. Que personne ne se sente supérieur ou inférieur à un autre et que tout le monde se sente impliqué dans une même démarche qui soit le développement et l’épanouissement de soi et de l’autre. L’excellence au travail ne se résume pas en un résultat chiffré du travail purement académique et à la passation d’une classe à une autre. Elle doit être pragmatique.

Dans notre projet éducatif, nous soulignons trois axes de formation : Évangéliser, Éduquer, Instruire; desquels nous puisons notre slogan : Ardents… Solidaires… Excellents… Dans le cadre de la réalisation progressive de ce projet, nous ne cessons d’exhorter nos jeunes à l’honnêteté, à la vérité, au respect de soi et des autres et au respect de l’environnement. Ce sont là des valeurs acquises à l’école mais aussi au sein de la famille. Un enfant ne peut être honnête, vrai et respectueux en dépit de la formation que toute la communauté éducative de l’école lui donne si ses parents ou ses proches ne comprennent pas la nécessité de faire corps pour viser un même objectif. L’influence négative de certains adultes et les tendances de nos jeunes font poser beaucoup de questions aujourd’hui sur l’avenir du pays. Agissons en conséquence.

Dans son travail, dans ses démarches,  une conviction soutenait Jean Marie de la Mennais:

« C’est par l’éducation qu’un peuple est ce qu’il est, lui et non pas un autre. Nul changement profond ne saurait s’opérer à moins que l’éducation ne subisse un changement de même nature. Tout sort de l’éducation. »

Chers parents, l’éducation n’est pas seulement une affaire d’école et l’école n’est pas seulement quatre murs à l’intérieur desquels se trouvent tableau, craie, livres. Vos enfants sont des cadeaux de Dieu. Vous les aimez certes, vous vous sacrifiez même pour eux. Mais attention! Quels sacrifices êtes-vous prêts à faire pour eux?  N’oubliez pas, comme je le dis souvent, que vos enfants ont besoin de vous. Vos enfants ont besoin que vous leur donniez des directives claires et que vous leur soyez des modèles pour qu’ils deviennent les citoyens dont le pays a tant besoin. Les enfants ont besoin de nous pour les aider à devenir des citoyens responsables, producteurs.

Chers enfants, dès qu’on parle d’école, on parle de vous. Dieu met à votre disposition une institution, un personnel soucieux, des parents travailleurs. Mais les principaux acteurs, c’est vous. Tous ceux qui travaillent avec vous, vous aident à vous former, à vous épanouir. Ceux pour qui nous luttons, c’est vous. Il faut de votre part, la volonté, la détermination, le respect et le discernement, pour que notre travail ne soit pas vain. Soyez comme le fondateur de la congrégation des Frères de l'Instruction Chrétienne, travailleurs, appliqués, réguliers.

Jean Marie de la Mennais eut à dire : Tout est à reconstruire, je veux en être.

Aujourd’hui, en Haïti, ne devons-nous pas dire comme lui : Tout est à reconstruire ? Ne nous disons pas que nous sommes impuissants. Agissons! Que chacun organise mieux sa propre vie. Que chacun se soucie de sa personne, de sa formation, de sa personnalité. Et que nous qui  sommes appelés à travailler à la vigne du Seigneur voyions en chacun des ces enfants, de ces jeunes  une plantule et que c’est à nous de la faire grandir, prospérer, selon nos orientations. Laissons-nous former à l’école de Dieu pour être non seulement des hommes utiles à la société mais aussi de bons formateurs pour ces enfants.

Nous ne saurions nous enorgueillir en disant que nous faisons un travail impeccable au sein de cette institution. Nous pouvons seulement dire que nous luttons, avec une équipe dynamique et soucieuse pour tenir toujours haut le flambeau de SJP. Nous luttons pour qu’à travers la formation donnée à nos enfants, nous puissions retracer des années plus tard les lignes d’Évangélisation, d’Éducation et d’Instruction qu’ils auront reçues. Continuons donc à faire de notre mieux pour former des citoyens honnêtes, respectueux, responsables, utiles.

On donne plusieurs définitions au mot Enseignement, et celle qui parait la plus banale est la suivante : "C’est le métier des métiers". C’est le métier des métiers veut dire que c’est vous, enseignants, qui formez  les avocats,… les agronomes, … les ingénieurs, … les professeurs, … les médecins. C’est le métier des métiers veut dire que c’est à vous, enseignants, qu’il incombe la lourde responsabilité de former des maires, des députés, des sénateurs, des ministres, des présidents, et j’en passe. Tout cela, c’est pour vous dire, chers professeurs, que nous apprécions à sa juste valeur le travail que vous faites au sein de cet établissement. Soyez fiers de cette tâche si noble qui vous est confiée.

Aujourd’hui, plus que jamais, des défis s’imposent à nous. Aujourd’hui, plus qu’hier, nous devons nous armer de courage pour mener le bateau à bon port. Tout est à reconstruire, je veux en être.

Cette fête est une occasion de dire à tous : parents, professeurs, anciens, amis, particuliers, que l’école Saint Joseph de Pétionville a besoin d’eux. Chers anciens de SJP, un cahier vous est désormais ouvert. N’hésitez pas à venir vous inscrire et faire partie de l’amicale des anciens de l’école Saint Joseph.

Au nom des élèves, des professeurs et au nom de mes collaborateurs de la direction, je dis merci à tous d’être venus fêter avec nous.

Ardents…   Solidaires…   Excellents…

Bonne fête à tous!